AZIZ DAOUDA DIRECTEUR TECHNIQUE DE LA CAA : « L’Afrique garde ses chances intactes au fond et au demi- fond »

Le Marocain Aziz Daouda, Directeur Technique en charge du développement à la Confédération Africaine d’Athlétisme (CAA) a tenu à féliciter l’ensemble des fédérations membres de la CAA, qui malgré les conditions exceptionnellement difficiles, ont pu qualifier des athlètes aux Jeux Olympiques. Le nombre d’athlètes qualifiés est exactement le tiers de celui qui participe régulièrement aux championnats d’Afrique. C’est dire que le continent a fait d’énormes progrès et que beaucoup de pays, qui jusqu’ici n’arrivaient pas à qualifier des athlètes, sont aujourd’hui présents, dont certains avec de véritables chances de médailles.

 

Il a également félicité les athlètes, qui ont supporté les conditions très difficiles de la pandémie pour arriver à être présents aux JO.

Daouda estime, dans un entretien au site officiel de la CAA, que l’Afrique « garde ses chances intactes au fond et au demi- fond ; mais aussi dans d’autres épreuves. Les pays connus dans ces épreuves de classe mondiale sont toujours là ; d’autres viennent de se glisser dans la liste restreinte des favoris, avec encore plus de punch au vu des records du monde récemment améliorés par des Africains. Je pense aux athlètes de l’Ouganda par exemple. »

Et d’ajouter que comme par le passé l’Afrique va avoir des médailles dans des épreuves autres que le demi- fond et le fond, mais le monde ne parle que rarement des africains qui brillent dans d’autres épreuves comme le triple saut par exemple où le Burkinabé Hugues Fabrice Zango sera difficile à battre et remportera probablement la première médaille olympique de l’histoire de son pays ou le jeune algérien Yasser Mohamed Tahar Triki et ses 17m36. 

L’ancien directeur technique de la Fédération Royale Marocaine d’Athlétisme (FRMA) et entraineur de plusieurs stars de l’athlétisme marocain, dont notamment l’athlète arabe la plus titrée,  Nezha Bidouane , double championne du monde du 400m haies,   pense que « les athlètes africains feront encore mieux. Les progrès réalisés sont tels qu’il n’est point normal qu’ils ne soient pas récompensés. Je pense que la barre des 28 médailles décrochées à Rio sera franchie avec davantage de diversification en pays médaillés et en épreuves remportées. »

« Les africains, si jusqu’à un passé très récent s’étaient concentrés sur le demi- fond et le fond, c’est que par tradition ils n’accordaient pas beaucoup de crédits aux autres épreuves qui sont par ailleurs moins universelles pour certains. Les Africains ont juste continué à perpétuer les succès des premiers athlètes qui avaient brillé dans ces courses. Nos premières médailles ont été remportées, faut-il le rappeler, par Abebe Bikila (Ethiopie) et Abeslam Radi (Maroc) au marathon des jeux Olympiques de Rome en 1960 ; puis par Mohamed Gammoudi (Tunisie) et Kip Keino (Kenya). Alors il s’est constitué une sorte de tradition ; ces noms et d’autres sont devenus des icônes et des modèles pour la jeunesse africaine » a-t-il relevé.  

Aziz Daouda a rappelé que le monde a été surpris, par exemple, de voir un africain remporter les 400m haies par John Akii Bua (Ouganda) aux JO de Munich 1972 et recordman du monde de l’épreuve (47:82) ou encore le Javelot aux championnats du monde par Julius Yego (Kenya).

« En fait nous avons toujours été présents dans la quasi-totalité des épreuves peut - être avec moins de succès retentissants ; mais nous sommes toujours là au sprint dans les sauts et les lancers. En 1972 à Munich, nous avions déjà un finaliste au lancer du poids, à savoir le Marocain Samsam Lahcen Akka (Big Simba) et à Rio le Congolais Frank Elemba était 4ème du lancer du poids ».

Fredericks, Hammad, Brits, Mbango, Cloete

Et de poursuivre « faut-il rappeler les participations historiques en sprint avec Frankie Fredericks (Namibie) ou encore la médaille d’argent d’Abderrahmane Hammad (Algérie) au saut en hauteur à Sydney. Abderrahmane est aujourd’hui président du Comité Olympique Algérien. Parle- t- on de Okkert Brits le Sud- africain et ses 6m03 au saut à la perche, ou de sa compatriote Hestrie Cloete et ses 2m06 au saut en hauteur dames. Evoque- t-on la camerounaise Françoise Mbago Etone et ses deux médailles d’or au triple saut dames à Athènes et à Pékin ».

Faut- il rappeler que Nawal El Moutawakel , première championne olympique sur les 400m haies, est africaine, ou encore Nezha Bidouane, double championne du monde, et médaillée de bronze à Sydney sur la même épreuve.

« Bien sûr que nous sommes satisfaits d’être le continent des courses longues par excellence et nous en sommes fiers et faisons de notre mieux pour le rester, malgré la concurrence de plus en plus forte dans ces épreuves, souvent conséquence de la naturalisation de certains africains par des pays hors du continent » note -t-il.

« La stratégie de développement mise au point par la CAA, appuyée par World Athletics, les efforts que nous faisons notamment grâce à nos centres de développement au nombre de 7 aujourd’hui ; les projets d’ouverture d’autres centres dans un avenir proche ; les unités de performance que nous sommes en train de développer et d’initier dans différentes régions du continent, ne vont pas tarder à donner leurs fruits et croyez- moi l’Afrique est le continent de l’avenir de l’athlétisme mondial. Nous sommes le seul continent qui a des athlètes qui participent à des compétitions 365 jours sur 365 à travers le monde. Nous participons pour plus de 35% de l’activité athlétique dans le monde. Des dizaines de milliers de jeunes pratiquant l’athlétisme même quand les conditions sont difficiles, guidés en cela par l’image fantastique de nos légendes. » conclut-il.

Par Mohammed Benchrif