« La protection et le leadership féminin peuvent changer la donne en Afrique »
Beatrice Ayikoru, d’origine Ougandaise, occupe des postes importants au sein du Conseil de la Confédération africaine d’athlétisme et du Conseil de World Athletics. Elle est aussi la cheville ouvrière de la fédération ougandaise d’athlétisme en tant que secrétaire générale. C’est surtout la gardienne du temple au niveau de la protection et du leadership féminin.
Vous êtes connue pour votre engagement en faveur de la protection et le leadership basé sur le genre. Pourquoi ces deux domaines vous intéressent-ils autant ?
La protection et le leadership basé sur le genre sont des éléments clés du développement de tout sport. Dans un environnement compétitif, une participation sûre et inclusive est essentielle pour attirer davantage de personnes comme athlètes, officiels et entraîneurs. Pour que chacun, en particulier les jeunes et les femmes, puisse pratiquer un sport et y rester, il est essentiel de s'y sentir en sécurité et à l'abri des abus, du harcèlement ou de l'exploitation.
World Athletics est une organisation sportive de premier plan qui a créé un environnement favorable à tous en mettant en œuvre une politique de protection et la parité des sexes aux niveaux de direction. Cela doit se refléter dans toutes les zones et fédérations membres.
L'Afrique possède une population jeune et dynamique, ce qui représente une formidable opportunité pour le développement de l'athlétisme. Si nous n'offrons pas d'opportunités aux hommes et aux femmes d'accéder à des postes de direction et si nous ne garantissons pas un environnement sûr, il sera difficile d'inciter la population à se lancer dans l'athlétisme. La protection et le leadership féminin peuvent changer la donne pour l'athlétisme en Afrique.
Des avancées significatives sont-elles réalisées au niveau africain ?
La Confédération Africaine d'Athlétisme a élaboré et adopté une politique de protection afin de garantir un environnement sûr lors de nos événements. Cela devrait renforcer la confiance des personnes qui assistent et participent à nos compétitions et activités.
La Confédération a également mis en place un groupe de travail sur le leadership basé sur le genre afin de promouvoir l'équité dans le leadership de l'athlétisme sur le continent. Nous encourageons les fédérations membres à instaurer et à mettre en œuvre des statuts offrant des opportunités à tous, en particulier aux femmes, d'accéder à des postes de responsabilité, ainsi qu'à toutes les structures sportives de leur pays.
Au niveau continental, au moins 40 % des membres du Conseil de la CAA sont des femmes. Bien que le nombre de femmes présidentes et secrétaires générales soit encore faible, nous espérons que, grâce au groupe de travail sur l'égalité des sexes et à l'établissement de quotas minimums obligatoires pour les femmes, davantage de femmes occuperont des postes de responsabilité dans un avenir proche.
Nous saluons le leadership de la CAA, du Président et du Conseil pour l'adoption de la Politique de protection et du groupe de travail sur l'égalité des sexes.
Comment pouvez-vous maintenir ces acquis ?
Afin de maintenir cette évolution, il est important que chaque fédération membre dispose d'une politique de protection. La CAA continuera de veiller à la mise en œuvre de la protection lors de toutes ses compétitions. Tous les officiels (entraîneurs et officiels d'équipe) doivent suivre la formation essentielle sur la protection dispensée par World Athletics. La CAA est prête à gérer toute question de protection relevant de son mandat et continuera de suivre et de soutenir les problèmes qui surviennent au sein des fédérations membres afin de garantir un environnement sûr pour tous – athlètes, femmes et officiels, en particulier les personnes vulnérables (jeunes filles et femmes).
Concernant le leadership basé sur le genre, nous attendons de nos fédérations membres qu'elles envisagent de réviser et de mettre en œuvre des statuts prévoyant des quotas de participation des hommes et des femmes aux postes de direction de l'athlétisme. Au niveau de l'Afrique de l'Ouest, la parité est respectée : 50 % d'hommes et de femmes.
Au niveau régional, nous sommes à 60 % d'hommes et 40 % de femmes. Les fédérations membres de la CAA peuvent atteindre 40 % de femmes en quatre ans.
Ces objectifs sont possibles grâce au soutien des centres de développement de la CAA qui forment et renforcent les capacités des femmes dans le cadre de leur programme de développement stratégique et du groupe de travail sur le leadership en matière de genre.
Nous devons nous rappeler que la responsabilité de maintenir un environnement sûr pour toutes les personnes impliquées et engagées dans l'athlétisme et d'encourager davantage de femmes à occuper des postes de responsabilité dans le sport en Afrique incombe à nous, les fédérations membres et à chacun d'entre nous dans le sport de l'athlétisme.
