TOKYO 2020 : l’athlétisme source de fierté des Marocains

Par Mohammed Benchrif    

L'athlétisme, source de joie et de fierté des Marocains tant aux Jeux Olympiques qu’aux Championnats du Monde en plein air, en salle ou en cross -country, est une nouvelle fois la discipline sur laquelle se sont fondé les espoirs à l'occasion des Jeux olympiques de Tokyo. Ainsi, Soufiane El BAKKALI (8’08’’90) a été sacré champion olympique du 3000 m steeple.

 

Feu SM le Roi Hassan a, dans un discours adressé à la Nation à l’occasion de la fête de la jeunesse, rendu un vibrant hommage à l’athlétisme national «  … Nous le disons et en toute modestie que lorsque pour la première fois lors des Jeux Olympiques le drapeau marocain a été hissé grâce  à Aouita et Nawal , beaucoup de spectateurs se sont demandés qui est ce « Morocco » .Ils ne le connaissent pas » , ajoutant que ceux qui se sont posés cette question « ont par la suite connu ce « Morocco » , davantage par Aouita et Nawal que par son Roi, ton humble serviteur ».    

Pour sa part SM le Roi Mohammed VI a affirmé, dans un message adressé aux participants au 27ème Congrès de la Confédération Africaine d’Athlétisme le 9 octobre 2017 à Skhirat (Banlieue de Rabat), que « La pratique de l’athlétisme est une tradition bien ancrée depuis plusieurs décennies dans notre continent africain. Habitués aux premières marches du podium dans bon nombre de compétitions mondiales, ses champions fascinent le monde entier par leurs performances, records et leurs exploits remarquables ».

Le Souverain a estimé que les titres remportés par les athlètes africains lors de championnats du monde ou à l’occasion des jeux olympiques « valent à leurs pays d’origine de se hisser à des rangs élevés dans le classement final de ces compétitions. Bien évidemment, ces prouesses ne représentent pas uniquement un motif de fierté pour les peuples africains. Elles constituent aussi un support clé pour faire connaître et consolider l’identité africaine, pour la faire rayonner davantage ».

L’Afrique reste d’ailleurs toujours aussi tributaire de ses résultats en athlétisme. A titre d’exemple à Rio en 2016, sur les 45 médailles glanées par l’Afrique, 28 étaient en athlétisme dont 9 en or.

Abdeslam Radi le précurseur, Nawal et Aouita les catalyseurs

En ce qui concerne le Maroc, sa première médaille décrochée lors de sa première participation aux Jeux Olympiques après l’indépendance à Rome en 1960 était en athlétisme. Une médaille d'argent, qui valait son pesant d'or, glanée par feu Abdeslam Radi , après une course historique et rude concurrence avec le légendaire coureur éthiopien Abebe Bikila. Radi avait disputé quelques jours auparavant le 10.000 m.

Après une traversée de désert de 24 ans, les athlètes marocains ont renoué avec les podiums et ont hissé le drapeau marocain au son de l'hymne national à Los Angeles, Séoul et Barcelone et 12 ans plus tard à Athènes.

C’est ainsi que Nawal El Moutawakel s’est adjugée le précieux métal après avoir dominé le premier 400m haies féminin des Jeux, devenant par la même la première dame arabe à entrer dans le panthéon de l'olympe.

Avant Nawal il faut rappeler que l’édition des J.O de Munich (1972) a été marquée par la première participation féminine marocaine aux Olympiades par le biais des deux icônes de l’athlétisme national dans les années soixante - dix, en l’occurrence Fatima EL Faquir ( 400m haies) et Malika Hadqui ( 200 et 400m).

 Ce premier titre olympique ne sera pas d'ailleurs le seul puisque le légendaire Saïd Aouita offrira le lendemain aux marocains l'or du 5.000m dont il était le recordman, avec à la clef le record des jeux de l'épreuve  (13 : 05.59)  qui a résisté jusqu’aux jeux de Pékin en 2008 où il a été effacé des tablettes par le phénoménal Kenenissa Bekele.

En 1988 à Séoul, le poulain de Said Aouita, le jeune zemmouri, Brahim Boutayeb, a bien retenu les leçons pour revêtir l'or du 10.000m tout en pulvérisant le record des jeux avec un chrono de 27:21.41. Blessé, Said Aouita s’est contenté d’une médaille de bronze au 800m à l’édition Sud - Coréenne.   

La couronne de Boutayeb a été conservée par Khalid Skah à Barcelone en 1992 après une course âprement disputée avec les Kenyans.

Outre l’or de Skah "renard des pistes", Rachid El Basir a pris la deuxième place du podium du 1.500m derrière l’Espagnol Fermin Cacho.  

La moisson aux JO d’Atlanta en 1996 n’était pas à la hauteur des attentes surtout après la fameuse chute à 400 mètres de l'arrivée du grand favori du 1500m Hicham El Guerrouj.

Alors, le Maroc s’est contenté des deux médailles de bronze de Salah Hissou (10.000m) et Khalid Boulami (5.000m).

A Sydney, les marocains ont fait mieux avec l'argent d'El Guerrouj coiffé sur le fil par le Kenyan Noah Ngeny (1.500m) et les bronzes de Nezha Bidouane, athlète marocaine et arabe la plus titrée (400m haies), Ali Ezzine (3.000m steeple) et Brahim Lahlafi (5.000m).

Doublé historique de Hicham El Guerrouj à Athènes

Douze années après les Olympiades de Barcelone, la star du demi-fond mondial Hicham El Guerrouj offrait au Maroc deux médailles du plus précieux métal.

Athènes a été un porte - bonheur pour le mythique miler Hicham El Guerrouj. En 1997 il y décrocha son premier titre mondial. En 2004 Hicham y réalisa un doublé historique (1500 m et 5000m) récompensant le sacrifice d'un athlète légendaire et ornant son tableau de chasse de deux médailles , devenant le deuxième athlète à remporter deux médailles d’or (1.500 m et 5.000 m) dans une seule édition des JO, après le Finlandais Paavo Nurmi à Paris-1924.

L'or d'Athènes était le seul à même d'apaiser sa rage, de panser ses profondes blessures et d'effacer ses larmes déversées à Atlanta et à Sydney.

Après une absence de deux ans Hasna Benhassi a offert au Maroc une médaille d’argent sur le 800m, exploit qui a marqué son retour en force sur la scène sportive internationale, devenant ainsi la troisième athlète marocaine à monter sur le podium des Jeux Olympiques après Nawal El Moutawakel et Nezha Bidouane.

Benhassi, la gazelle du double tour de piste a remporté une médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008.

 Quarante -huit- ans après la médaille d'argent de son prédécesseur, feu Abdeslam Radi, au marathon des Jeux Olympiques de Rome en 1960, Jaouad Gharib a inscrit son nom en lettres d'or dans l'histoire de l'athlétisme marocain et mondial en raflant la médaille d’argent des Jeux Olympiques de Pékin.

En 2003 Gharib était arrivé aux championnats du monde de Paris sans fanfare, mais en est reparti avec les honneurs d'une médaille d'or, qui a constitué une première historique pour le Maroc.

Cet athlète, qui allie endurance, résistance et vitesse, a réédité ce fabuleux exploit en 2005 à Helsinki, devenant ainsi parmi les rares athlètes sacrés doubles champions du monde au marathon.   

A Londres-2012, le Maroc avait remporté une seule médaille de bronze en athlétisme, par le biais de Abdelaati Iguider (1.500 m).


Malheureusement, lors de la dernière édition des JO à Rio de Janeiro (2016), le Maroc avait signé sa deuxième piètre performance, en se contentant d’une seule médaille de bronze en boxe, sachant que le Royaume était représenté par 49 sportifs dans 11 disciplines dont l’athlétisme, qui est revenu bredouille pour la première fois depuis 1984.


Sur un total de 23 médailles, dont quatre en bronze (la boxe), l'athlétisme, locomotive du sport national, a offert 19 médailles au Maroc, dont 6 en or, 5 en argent et 8 en bronze, qui étaient l’œuvre de 11 athlètes hommes et trois athlètes dames.

Mohamed Bencherif


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