CAA CONTINENTAL TOUR 2020 : Noélie Yarigo brille à Yaoundé

La 4eme édition du GRAND PRIX CAA de Yaoundé s’est déroulée le samedi17 Octobre 2020 au stade Ahmadou Ahidjo. Une dizaine de pays ont participé à cette compétition organisée au lendemain de l'assouplissement des mesures barrières liées à la COVID 19.


Noelie Yarigo BeninLa béninoise Noëlie Yarigo a confirmé sa bonne forme du moment en dominant aisément le double Tour de piste en 2’10’’19. La congolaise Natacha Ngoye Akamabi a survolé le sprint en remportant le 100m en 11’’86 et le 200m en 23’’98.

Chez les hommes, le Camerounais Raphael Nguoguele (10’’67 au 100 m et 21’’44 au 200m) et le Nigérian Emmanuel Arowolo (10’’69 au 100 m et 21’’39 au 200m) ont été les principaux animateurs du sprint.

Mondiaux de semi-marathon : L’Afrique rafle la mise

Les Africains ont survolé les Championnats du monde de semi-marathon » qui ont eu lieu le samedi 17 octobre 2020 à Gdynia (Pologne).

On attendait Joshua Cheptegei mais c'est un autre Ougandais, Jacob Kiplimo, qui s'est adjugé la victoire en 58'49'', un nouveau record national. Le coureur de 19 ans a battu le Kenyan Kandie Kibiwott (58:54) qui est le détenteur de la meilleure performance mondiale de l'année et l’Ethiopien Amedework Walelegn (59:08). Pour sa première incursion dans la discipline, Cheptegei arrive en quatrième position en 59'21''. Pour la première fois en 28 ans d’histoire de cet événement, un athlète ougandais était sacré.

La Kényane Peres Jepchirchir a amélioré son propre record du monde dans une course exclusivement féminine en 1h 05'16'' devant l'Allemande d’origine éthiopienne Melat Kejeta, (1h 05'18'') et l'Éthiopienne Yalemzerf Yehualaw (1h 05'19").

Peres Jepchirchir

Dans une arène où l'endurance est reine, la vitesse s'est également avéré un bien précieux. En fin de compte, Peres Jepchirchir avait besoin des deux pour régner en maître dans la course féminine.

Joshua Cheptegei et Letesenbet Gidey dans l’histoire

L’Ougandais Joshua Cheptegei (24 ans) et l’Ethiopienne Letesenbet Gidey (22 ans) sont entrés dans l’histoire de l’athlétisme en s’emparant respectivement des records du monde du 10.000 m messieurs et du 5.000 m dames à Valence (Espagne) le mercredi 7 octobre 2020.

Champion du monde du 10 000 m, Joshua Cheptegei vit une année 2020 d'exception. Après s'être emparé du record du monde du 5 000 m le 14 août à Monaco en 12'35''36, l'Ougandais a une nouvelle fois effacé l'Ethiopien Kenenisa Bekele des tablettes en lui ravissant celui du 10 000 m, porté à l'incroyable temps de 26'11''00. Bekele avait réussi 26'17''53 en 2005 à Bruxelles. 

Cheptegei a confirmé son statut de meilleur coureur de fond du moment, lui qui ambitionne tout simplement d'être le meilleur de tous les temps.

« J'ai répondu aux attentes de tout le monde, et j'ai réalisé mon rêve, glissait l'Ougandais peu après son exploit. On est là pour écrire l'histoire, et montrer que l'athlétisme est toujours excitant. Il fallait tout donner. La situation actuelle est difficile pour tout le monde, mais ce genre d'exploits peut apporter de la joie aux gens. »

Auparavant, L'Éthiopienne Letensebet Gidey s’était illustrée de fort belle manière en faisant passer de vie à trépas le record du monde du 5 000 m de sa compatriote Tirunesh Dibaba, établi en 2008 en 14'11''15, avec un chrono ahurissant de 14'06''62.

La vice-championne éthiopienne du monde du 10 000 m avait annoncé ces derniers jours qu'elle allait le faire, et elle l'a fait !

Les performances de ces deux nouvelles légendes prouvent que l’avenir de l’athlétisme est en Afrique.

« Kip Keino Classic » : Les Kenyans maîtres à domicile

Le meeting « Kip Keino Classic » de Nairobi, ultime étape du Tour Continental, a été survolé par les champions du monde kényans Hellen Obiri et Timothy Cheruiyot qui se sont imposés dans leur discipline de prédilection (5.000 et 1.500 m) dans des temps modestes. Ainsi Timothy Cheruiyot, a dominé le 1500 m en 3'34"31 et la double championne du monde des 5 000 m Helen Obiri en a fait de même sur 5 000 m en 15'6"36.

C'est un quasi-carton plein kenyan auquel on a assisté en demi-fond avec les succès de Béatrice Cheptel (9'29"05 sur 3000 m steeple), Ferguson Rotich (1'44"78 sur 800 m), Abraham Kibiwott (8'17"60 sur 3 000 m steeple) ou Paul Tanui (28'6"90 sur 10 000 m). La victoire de l'Éthiopienne Lemlem Hailu sur 1 500 m en 4'6"43 est une des rares exceptions de la journée.

À l'inverse du demi-fond, l'altitude a des effets bénéfiques sur les épreuves de sprint. Le Sud-Africain Sinesopho Dambile en a profité pour s'imposer au 200 m en 20''44 (+1,2 m/s) devant l'Ivoirien Arthur Cissé (20''53).

Nairobi accueille « Kip Keino Classic »

Nairobi accueille le premier meeting du Circuit continental de World Athletics sur le sol africain, ce samedi 3 octobre 2020. « C’est le premier grand événement d’athlétisme sur le continent depuis le début de la crise liée au corona virus », a déclaré Jackson Tuwei, Président d’Athletics Kenya. « Il va relancer le sport dans le pays et très probablement en Afrique, car depuis la Covid -19, il n’y a pas eu de grands championnats en Afrique. »

Le meeting, baptisé Kip Keino Classic en référence à Kipchoge Keino, légende du demi-fond, était initialement prévu en mai, mais a été reporté à deux reprises.

Cette année, Nairobi devait accueillir les Championnats du monde U20 de World Athletics, mais l’événement a été reporté en raison de la pandémie de coronavirus. Le Circuit continental offre à Athletics Kenya une nouvelle chance, cette année, de produire du grand spectacle.

« Nous voulons organiser ce meeting du Circuit continental en gardant à l’esprit que son succès en dira également long sur la capacité de l’Afrique à organiser des événements », a déclaré M. Tuwei.

« Il s’agit de faire en sorte que d’autres événements puissent voir le jour dans toute l’Afrique, afin que nous développions également notre propre série de compétitions qui puisse soutenir et développer l’athlétisme sur notre continent. »

Cette saison, les meetings labellisés Or se composent de cinq épreuves principales : le 200m, le 3000m steeple, le triple saut, le lancer du disque et le lancer du marteau chez les hommes et chez les femmes. Le meeting de Nairobi comprendra également le lancer du javelot, le 400m, le 800m, le 1500m et le 5000m. Les organisateurs ont également prévu des épreuves nationales afin d’offrir aux athlètes locaux la possibilité de concourir à l’occasion d’une saison mise à mal par la pandémie de coronavirus.

Le meeting aura lieu au stade national de Nyayo, qui a été récemment rénové pour répondre aux normes de compétition de World Athletics.

Il y aura moins d’athlètes que prévu initialement. Pour autant, compte tenu des circonstances, le directeur du meeting, Barnaba Korir, est satisfait du nombre d’athlètes qui, jusqu’à présent, ont manifesté leur intérêt pour cette compétition.

Après une année durant laquelle l’athlétisme en Afrique est resté en sommeil, M. Tuwei est confiant que tout est en place pour la tenue d’un événement exceptionnel en octobre.

« Nous pensons que ce meeting va relancer ce sport sur le continent et nous espérons qu’à l’avenir les athlètes auront la chance de concourir à nouveau sur le continent et en dehors.

« Nous sommes prêts et nous sommes préparés », a-t-il déclaré. « Nous voulons assurer à tous les athlètes qui participeront à la première du Circuit continental en Afrique qu’ils prendront du plaisir à concourir à l’occasion d’une compétition de qualité. »

Helen NGOH pour la CAA

Réalisme, flexibilité, efficacité et considération, les aspects fondamentaux du plan de développement de la CAA

La situation de l’athlétisme en ces temps de pandémie, les décisions du dernier Conseil de la CAA, les centres africains (AADC), le second plan de développement, le circuit continental des compétitions, les championnats d’Afrique de cross-country et les championnats d’Afrique séniors, ont été les points forts de la conférence de presse animée, le lundi 21 septembre 2020, en vidéo-conférence par le Directeur Général de la CAA, Lamine Faty et le directeur technique Aziz Daouda.

Faisant le point sur le conseil de la CAA du 9 septembre, M. Faty s’est dit ‘’satisfait’’ de cette réunion après celle du 16 mai dernier avec 15 membres présents et 05 absents excusés. ‘’Le conseil a notamment maintenu la programmation de nos deux championnats phares prévus en 2020 pour l’année prochaine. Le championnat d’Afrique de cross aura lieu fin février/mi-mars 2021 à Lomé au Togo alors que les championnats d’athlétisme séniors se dérouleront à Alger au mois de juin 2021’’ a jouté le DG de la CAA en soulignant que ‘’les dates précises seront arrêtées ultérieurement avec les fédérations organisatrices’’.

M. Faty a fait état du maintien au programme de la CAA du circuit de meetings africains avec sept (07) étapes même si ceux du Nigéria et de l’Afrique du sud ne sont pas encore confirmés. ‘’La CAA veillera à que ce circuit ait lieu avec ses sept étapes tout comme le meeting de Gaborone au Botswana en avril 2021’’, a-t-il dit en souhaitant une amélioration de la situation par rapport à la pandémie du covid-19 et une reprise progressive des championnats régionaux et nationaux.

 ‘’En dépit de la situation du confinement et une préparation pas adéquate, on a été agréablement surpris par les performances de nos athlètes lors des meetings de Monaco et de Stockholm et nous espérons qu’ils vont encore faire mieux dans les compétitions à venir’’ a indiqué M. Faty.

Pour sa part, le Directeur Technique de la CAA, M. Daouda a indiqué que ‘’durant cette période de confinement, la confédération a été très active en organisant une trentaine de sessions avec plus de 50 participants pour chacune. Il a cité comme exemple le séminaire sur l’athlétisme féminin qui avait regroupé plus de 65 dames.

M. Daouda est revenu également sur la stratégie de la CAA basée sur les plans de développement. ‘’A Abidjan lors de notre congrès, l’ensemble des membres se sont déclarés satisfaits de notre premier plan de dix ans qui a expiré en 2017’’ a-t-il dit en soulignant que les compétitions de la CAA ont connu une nette progression en matière d’engouement et du nombre de participants. ‘’Si par le passé on organisait des championnats avec trois ou quatre pays, on a enregistré lors des derniers Jeux Africains de Rabat la présence de 52 pays, alors que les effectifs ont aussi augmenté considérablement’’ a relevé le Directeur technique qui a reconnu la difficulté d’organiser les championnats de cross-country car ‘’c’est une discipline qui n’est pas pratiquée dans tous les pays africains’’.

‘’Pour encourager une participation de masse, la CAA a introduit la catégorie des U18 (cadette) pour les championnats d’Afrique de cross-country à Lomé où plus de 300 participants de cet âge seront sur la ligne de départ’’ a-t-il fait savoir en soulignant la volonté de la confédération à vulgariser cette discipline considérée comme ‘’une entrée à l’athlétisme’’.

Spécificités du terrain

M. Daouda dira également que la stratégie de la CAA tient en compte les spécificités de notre continent et fait de son mieux pour faire entendre sa vision au grand profit de nos athlètes qui sont les seuls à être présents dans les compétitions à travers le monde à hauteur de 30% et figurent également dans les meilleurs résultats mondiaux.

Il a détaillé que le plan de développement actuel de la confédération a été scindé en deux périodes de cinq ans chacune qui sera bientôt adopté par le conseil confédéral soulignant que ‘’ce plan repose sur quatre aspects fondamentaux à notre sens’’ : le réalisme, la flexibilité, l’efficacité et la considération.

Expliquant ces quatre mots clés, il dira que la CAA s’adapte avec la réalité du terrain des fédérations nationales. L’image de marque de notre discipline qui ne fait pas vivre malheureusement tous ses athlètes sauf de rares grands champions est la mission de tous auprès des médias et de la télévision. ‘’Nous devons en tant que confédération travailler en commun avec world athlétics pour sauvegarder et maintenir toutes les épreuves du demi-fond au programme des meetings. Les courses du 5 000 m et le 10 000 m sont les épreuves ‘’africaines’’ et elles avec les relais des épreuves plus spectaculaires que certaines d’autres.

Le Directeur technique a relevé avec satisfaction le bon travail qui s’effectue au niveau des centres de préparation et de formation africains. Il en veut comme preuve, les performances de leurs athlètes dans les compétitions internationales.

Enfin le DG de la CAA s’est félicité de cette conférence de presse et a remercié les participants tout en regrettant que de nombreux journalistes n’ont pas pu accéder à la plate-forme en raison des difficultés de connexion. ‘’Ce n’est que partie remise et nous souhaitons renouveler très prochainement cette expérience’’ a-t-il conclu.

Le chargé de la communication M. Moahmed Zemmour a participé activement à cette conférence avec d'autres journalistes africains notamment M. Oumar Ba, responsable des medias de la CAA et Mme Alice Annibali responsable des Relations publiques du département de la communication de World Athletics. M. Zemmour a assuré que ''les préparatifs des championnats d'Afrique en 2021 à Alger vont bon train, avec surtout la rénovation du stade annexe qui sera doté d'une nouvelle piste''. 

Mohamed Zemmour (FAA) pour la CAA

Tanzanie : Mbaraka James sur les traces de Filbert Bayi

Opposé à l’un des coureurs les plus polyvalents du pays, le méconnu Mbaraka James a tout de même remporté le 1500m masculin lors des Championnats tanzaniens, qui se sont achevés le dimanche 13 septembre 2020 après deux jours de compétition au stade Benjamin Mkapa de Dar es-Salaam.

Organisés conjointement par le Conseil national des sports (NSC), le Comité olympique tanzanien (TOC) et Athletics Tanzania (AT), les Championnats tanzaniens ont eu lieu pour la première fois en cinq ans et ont rassemblé plus de 200 athlètes de 28 régions du pays.

Mbaraka, représentant la région de Tanga, a remporté le 1500m en 3’47’’12, en battant Gabriel Geay (qui a représenté la Tanzanie lors de championnats du monde et de championnats continentaux) et Epimak Boniface. Au début de la course, Mbaraka fut distancé par Geay et Boniface. Il revint ensuite progressivement sur ses deux rivaux. Dans le dernier tour, il dépassa le duo pour finir vainqueur.

« C’est un Championnat national. Je m’attendais donc à une course difficile », a déclaré le jeune homme de 19 ans. « Mon entraîneur m’a dit de m’entraîner dur et de suivre ses instructions. C’est exactement ce que j’ai fait et ça a payé. À Tanga, peu de gens pratiquent l’athlétisme, mais grâce à mon exploit lors de ces Championnats nationaux, de nombreux jeunes marcheront sur mes traces. »

L’ancien détenteur du record du monde, FilbertBayi, dont la meilleure performance en 3’32’’2 constitue toujours le record de Tanzanie, compte parmi les idoles de Mbaraka.

« J’imagine bien devenir un athlète de haut niveau », a-t-il déclaré. « Ma performance lors des Championnats m’a motivé à travailler encore plus dur et à atteindre le niveau de mon idole Filbert Bayi. »

Angelina Tsele et Grace Charles, vainqueurs du 5000m et du 1500m féminins respectivement, ont apprécié l’opportunité de participer à un championnat national. « Courir sur cette piste contre des athlètes de haut niveau d’autres régions n’était pas si facile, mais je suis heureuse d’avoir réalisé de bons chronos », a déclaré Angelina.

« Grâce à l’implication totale du Comité olympique tanzanien, les Championnats ont été très compétitifs », a ajouté Grace. « Je me réjouis de représenter mon pays lors de futurs événements internationaux. »

Le secrétaire général par intérim d’Athletics Tanzania, Ombeni Zavalla, et le vice-président, William Kallaghe, ont salué le soutien du gouvernement et promis qu’ils reviendraient encore plus fort l’année prochaine.

« Après une absence de cinq ans, nous sommes de retour cette année », a déclaré Ombeni Zavalla. « Nous apprécions vraiment le soutien que nous avons reçu du gouvernement et du Comité olympique tanzanien pour organiser un événement réussi. Je promets que l’année prochaine, nous organiserons un championnat encore plus réussi que cette année. »

La compétition de deux jours a été officiellement lancée par Ally Possi, secrétaire permanent adjoint au ministère de l’Information, des Arts, de la Culture et des Sports.

« Nous continuerons à travailler avec Athletics Tanzania et toutes les parties prenantes pour aider au développement de l’athlétisme », a-t-il déclaré. « Nous nous engageons à développer ce sport, car nous savons que, s’il est bien géré, il peut être une source de revenus pour de nombreuses familles. »

La région côtière est sortie gagnante des championnats, remportant 12 médailles (cinq d’or, six d’argent et une de bronze).

Robert Kalyahe, secrétaire général pour l’athlétisme dans la région côtière, a attribué le succès de son équipe au soutien qu’elle reçoit des parties prenantes, dont la Fondation Filbert Bayi (FBF).

« C’est une grande réussite pour notre région », a déclaré M. Kalyahe, « mais elle est due au travail acharné de nos athlètes, de nos entraîneurs, des dirigeants de notre association et au soutien que nous recevons de la Fondation Filbert Bayi ».

Joseph Mchekadona pour World Athletics

CONSEIL DE LA CAA : Compétitions majeures et Tour africain en 2021, plan de stratégie 2021-2025 au menu

Le Conseil de la Confédération africaine d’athlétisme (CAA), tenu le 9 septembre 2020 en vidéo conférence,  a été marqué par les décisions concernant la tenue en 2021 des compétitions majeures (Championnat d’Afrique de cross country, championnats d’Afrique seniors et Tour africain) qui étaient initialement prévues en 2020 mais reportées à cause de la pandémie de COVID 19. Ainsi, le Togo et l’Algérie accueilleront respectivement, comme prévu, les deux premiers événements. La CAA et les autorités des deux pays sont en discussions pour arrêter les dates définitives des compétitions.

La Confédération africaine d’athlétisme a aussi confirmé que l’édition 2021 du Circuit Continental de meetings d’un jour va se dérouler dans les pays suivants : (Ethiopie), (Congo), (Djibouti), (Nigeria), (Kenya), (Afrique du Sud) et (Cameroun). Les villes concernées seront dévoilées dans les prochaines semaines.

Pour rappel, le calendrier de 2020 était ainsi composé : Pretoria (mars), Addis-Abeba (31 mai), Djibouti (3 avril), Kaduna (avril), Nairobi (2 mai), Brazzaville (mai), Yaoundé (23 mai)

Le Conseil a également évoqué la stratégie de développement de l’athlétisme africain à travers le plan 2021-2025.

Dabo et Busby: comment un élan de bienveillance a fait basculer la vie des deux athlètes

Braima Dabo dira avoir agi de façon naturelle en arrêtant sa course pour aider Jonathan Busby, il y a un an, sur la piste de Doha. Les faits se déroulèrent lors de la première série du 5000m masculin des Championnats du monde de World Athletics Doha 2019. L’Éthiopien Selemon Barega remporta la course et tous les coureurs franchirent la ligne d’arrivée, sauf Braima Dabo, représentant la Guinée-Bissau, et Jonathan Busby, d’Aruba.

Au moment de dépasser Jonathan, Braima se rendit compte que l’Arubais était à bout de forces et dans l’incapacité de finir la course. Il s’arrêta alors pour lui venir en aide.

« J’avais devant moi une personne qui avait besoin d’aide », a déclaré Braima en portugais, « Alors, je suis allé l’aider, c’est tout. Rien de plus normal. »

Pour le reste du monde, c’était tout sauf ordinaire que Braima sacrifie sa course pour aider un rival à franchir la ligne d’arrivée. Les deux hommes reçurent une ovation lorsqu’ils franchirent ensemble la ligne d’arrivée du stade Khalifa de Doha. Pourtant, ce n’était rien comparé à ce qui advint par la suite.

Cet acte singulier, d’une rare bienveillance sportive, fit la une des journaux du monde entier.L’histoire fut relayée à la télévision, dans les journaux et saluée en ligne et sur les réseaux sociaux. Une vidéo du moment a été visionnée, à ce jour, plus de sept millions de fois sur les plates-formes de World Athletics.

Braima fut acclamé pour le fair-play dont il fit preuve et devint l’objet d’une frénésie médiatique à Doha, ce qu’il ne comprit pas tout à fait.

« Ce qui s’est passé dans ma vie après cela a été comme un cauchemar », déclara le jeune homme de 27 ans dans un éclat de rire. « Quand j’ai vu l’attention que les gens m’ont accordée à Doha, j’ai d’abord eu peur. Je n’ai pas compris pourquoi, car je pensais que mon acte était normal. Ce n’est que lorsque je suis rentré au Portugal que des amis m’ont aidé à comprendre la raison de cette effervescence.

“Après cela, j’ai ressenti de la gratitude, car les gens m’ont témoigné de l’amour et se sont souciés de moi. Je me suis senti chanceux et je suis très reconnaissant envers tout le monde. »

Le prix du Fair-play

En novembre 2019, Braima et Jonathan se sont envolés pour Monaco où le Bissau-Guinéen a reçu le Prix international du Fair-play lors de la cérémonie de remise des Trophées de l’athlétisme de World Athletics.

« Je ne m’attendais pas à cela, car j’ai agi de façon spontanée, naturelle pour moi. Pourtant, quand World Athletics m’a remis le prix, j’étais comme dans un rêve. Cette récompense m’a motivé à aller au bout de mes ambitions dans l’athlétisme et dans ma vie. »

Beaucoup d’autres choses fantastiques sont arrivées au « petit garçon de Guinée-Bissau », comme Braima aime à se décrire.

Les médias portugais se sont emparés de son histoire et cela a conduit à une série d’événements surprenants, dont le plus inattendu a été l’invitation d’un très haut responsable au Portugal.

« La chose la plus importante et la plus étrange qui m’est arrivée a été l’invitation du Président du Portugal pour me décerner une distinction en lien avec ce qui s’est passé à Doha. »

« Ici au Portugal, on m’a même offert pour Noël un voyage en Guinée-Bissau pour voir ma famille après huit ans sans leur rendre visite ! Après cela, je suis allé à São Tomé pour une discussion avec un groupe de motivation et j’ai participé à des conférences TEDx à Matosinhos. »

« J’ai croisé le chemin de gens sympas. Pourtant, la vie dans le monde de l’athlétisme n’a pas beaucoup changé. Je continue d’enfiler mon short et mes chaussures pour aller courir, rien n’a changé », plaisante-t-il. « Comme je ne m’y attendais pas, cet épisode ne m’a pas tellement touché personnellement. La vie n’a pas tellement changé, même si je me suis pris à rêver. »

Braima a utilisé cet élan de popularité pour faire le bien autour de lui. Lorsque la pandémie de COVID-19 a frappé le Portugal, de nombreux étudiants africains se sont retrouvés reclus, sans personne vers qui se tourner pour obtenir de l’aide. Étant lui-même étudiant, Braima savait exactement ce que ces étudiants traversaient. Le Bissau-Guinéen eut alors une idée.

« Étant donné la notoriété associée à mon nom, pourquoi ne pas créer un groupe d’aide pour nourrir ceux qui sont seuls ici », se demanda Braima. « Mon institut et Carritas Portugal ont participé à la collecte de quelques produits de première nécessité pour aider ceux qui n’avaient pas d’argent et j’en suis très fier. »

Jonathan après Doha

Si Braima vit un rêve éveillé depuis Doha, c’est tout le contraire pour l’homme qu’il a aidé.

Pour Jonathan, la douleur paralysante qu’il a ressentie ce jour-là sur la piste annonçait la période difficile à venir.

« L’épisode de Doha était un mélange de déshydratation et de blessures », expliqua Jonathan. Lorsqu’il rentra chez lui, il continua à courir, mais ses résultats furent décevants.

« Après Doha, j’ai participé à quatre courses, mais je n’ai pas obtenu les résultats escomptés. En temps normal, je remporte des courses dans les Caraïbes, mais là ce sont les autres coureurs qui se mirent à me battre. Je me suis fatigué facilement et les courses ne ressemblaient en rien aux précédentes. J’ai été contraint de faire une pause. »

Le coureur de fond de 34 ans a essayé de cerner le problème, sans grand succès.

« J’ai fait des radios de la hanche et du dos, mais ils n’ont rien vu. Je suis encore très raide en ce moment au niveau des adducteurs. »

Jonathan reçut beaucoup d’attention après Doha. Pourtant, tout cela n’a pas été positif.  

« Au début, les messages du monde entier étaient très positifs. Mais ensuite, ils devinrent négatifs et cela m’a affecté. C’était difficile à gérer. »

Pour ne rien arranger, Jonathan fut licencié à deux reprises et perdit sa maison, puis le coronavirus frappa Aruba. Il fut ensuite diagnostiqué d’une dépression bipolaire et passa plus de trois mois dans une clinique pour y être soigné.

« Je ne recevais aucune subvention, pas d’argent, pas de travail, rien, car la situation dans le pays était vraiment mauvaise », déclara-t-il.

« C’était loin d’être tout rose. En ce moment, je me contente de faire de mon mieux pour rester positif. Pour l’heure, je vis chez un ami.J’essaie juste de me remettre sur pied. »

Un coup de projecteur sur l’athlétisme

Les Fédérations d’athlétisme d’Aruba et de Guinée-Bissau ont bénéficié de l’attention que leurs athlètes ont reçue.

« Ce que Braima a fait était quelque chose d’unique », a déclaré Renato Pappy Moura, Président de la Fédération d’athlétisme de Guinée-Bissau. « [C’est] quelque chose qui vient du plus profond de lui, car il est vraiment comme ça. »

« L’événement s’est révélé positif pour nous, car les gens ont commencé à parler davantage de notre pays et de l’humilité de ses habitants. Dans notre pays, on s’est mis à parler beaucoup plus de l’athlétisme et cela était vraiment important pour nous. »

« Le rêve se prolonge encore aujourd’hui. »

Cela a également eu un effet positif à Aruba.

« Cet événement a eu des répercussions sur toute la population d’Aruba, et pas seulement sur l’athlétisme », a déclaré Nigel Nedd, Secrétaire général de la Fédération d’athlétisme d’Aruba. « L’ATIA (Association du commerce et de l’industrie d’Aruba) avait prévu de faire venir Braima à Aruba, le 18 mars, pour un prix de reconnaissance. Or, tout a été annulé en raison de la COVID-19. »

La pandémie a été catastrophique pour de nombreux secteurs de l’île et en particulier pour l’athlétisme. Elle a limité l’aide que la Fédération a pu offrir à Jonathan en ces temps difficiles.

« Tous nos athlètes reçoivent une subvention en cas de blessure, mais dans le cas de Jonathan, il a également subi l’internement dans une clinique pour traiter sa dépression », explique Nedd. « Voilà qui rendait l’octroi d’une aide encore plus impérieuse. Sur l’île, les temps sont durs. Beaucoup sont au chômage parce qu’Aruba dépend du tourisme qui a connu un coup d’arrêt. Il faudra au moins une année supplémentaire à partir de maintenant pour que nous puissions nous relever. »

La Fédération bissau-guinéenne connaît également des difficultés.

« Pour l’instant, nous sommes limités dans nos activités, car nous rencontrons quelques difficultés au sein de la Fédération. Nous avions ces problèmes bien avant que Braima ne fasse ce qu’il a fait. En revanche, son action n’est pas tombée dans l’oubli. Quand le moment viendra, nous l’utiliserons pour redonner le courage de continuer et d’incarner l’excellence pour notre pays. »

L’amitié pour la vie

Jonathan et Braima sont devenus rapidement amis malgré la distance et la barrière linguistique qui les séparent. Jonathan ne parle pas portugais et Braima ne parle pas anglais. Comment ont-ils réussi alors à rester en contact ?

« J’ai téléchargé un traducteur sur mon téléphone. Quand Braima m’écrit, je passe son texte au traducteur, donc la langue n’a jamais été une barrière », a déclaré Jonathan.

« Depuis ce moment que nous avons partagé à Doha, Jonathan est comme un frère », affirme Braima. « Jonathan m’a raconté ce qu’il a traversé. Ça m’a tout de suite inquiété. La situation liée à la COVID-19 a ajouté du stress dans la vie de Jonathan. Nous en avons parlé et les choses s’améliorent peu à peu. Maintenant je ne suis plus aussi inquiet. Je suis heureux et j’espère que le pire est passé. »

« J’avais vraiment hâte de lui rendre visite en avril lorsque le gouvernement d’Aruba m’a envoyé une invitation. Or, avec les événements que le monde connaît à cause de la COVID‑19, il n’était pas possible de se rendre à Aruba. Jonathan est un gars très gentil, très humble. Notre amitié, c’est pour la vie. »

Jonathan témoigne lui aussi de ses liens d’amitié croissants avec Braima.

« Quand j’ai lu les messages négatifs après Doha et que j’en ai parlé à Braima, il m’a dit de ne pas me soucier de ces choses-là », dit Jonathan.

« Nous discutons, pas tous les jours, mais nous nous parlons. Quand je me fais plus discret, il essaie de me motiver et de savoir où je suis et ce que je fais, pourquoi je ne poste rien sur les réseaux. C’est une personne très attentionnée. »

Tous deux rêvent de participer aux Jeux olympiques de Tokyo 2020, qui ont été reprogrammés pour l’été2021, bien qu’ils soient réalistes quant à leur chance de qualification. Tous deux ont conscience que leur meilleur espoir d’y parvenir serait de se faire inviter, étant donné l’impossibilité de s’entraîner complètement en raison de la pandémie pour Braima et des blessures pour Jonathan.

Quoi qu’il en soit, ce qui a réuni les deux hommes demeure à jamais unique, surtout pour l’Arubais.

« Ce moment, je ne suis pas près de l’oublier », déclare Jonathan. « Quand il m’a pris par les épaules, il est devenu comme un frère pour moi. C’est très spécial ce qu’il a fait pour moi et il a été un ami spécial jusqu’à présent. Il a agi de la sorte à Doha et tout ce que je peux dire, c’est que je suis très heureux de l’avoir rencontré. »

Helen Ngoh pour World Athletics